Take Shelter

Curtis LaForche est assailli de rêves étranges qui se transforment vite en cauchemar : dans un des rêves son chien se met à le mordre, dans un autre il se déverse  sur lui une pluie d'huile, des gens veulent lui prendre sa fille... Dans la réalité, il semble se détacher de plus en plus des autres (de sa fille sourde et muette qui a besoin d'un apareillage auditif, de sa femme, de son collègue de travail...) pour entreprendre de nétoyer, puis d'agrandir l'abri anti-tempête que le couple possède au fond de son jardin. En effet, pour lui, ses rêves sont là pour l'avertir de l'imminence d'une tempête phénomènale. Ses antécédants familiaux expliquent peut-être autre chose...

Take Shelter (2011, 2h00), film américain de Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain...

La critique entendue ici m'avait donné envie de voir ce film. Très envie. Si on ajoutte la quasi-confidentialité de sa sortie (il n'est resté à l'affiche que deux petites semaines), qui date tout de même de presque deux mois, à mon éloignement géographique des centres culturels (visiblement, on ne peut pas tout avoir), j'avais très peu de chance de voir ce film autrement qu'en DVD.

Et là, miracle ! Le voilà qui est programmé dans l'unique salle de mon cinéma. 3€ (oui, je sais, ça fait rêver) pour le voir sur grand écran, et en plus en V.O. !

Vous dire que j'ai regretté ma soirée d'hier serait un mensonge éhonté. Ce fut un pur bonheur de voir ce petit film indépendant, sans vedettes ni effets visuels (en fait, il y en a, mais qui servent tout à fait le propos). Cela fait du bien de voir un film américain qui parle de gens comme nous (ou presque). Oh certes c'est lent, voire parfois très, très lent. Toutefois, cette lenteur participe à l'ambiance du film qui nous montre une lente tombée dans la folie de cet homme persuadé d'être porteur d'un message. Bizarrement pour un film US, on n'a pas droit ici à un message messianico-apocalyptique. Certes ça parle de la place de l'Eglise dans la société étasunienne, mais ce n'est pas le sujet du film. En effet, alors que sa femme va à l'église, lui préfère se rendre à la bibliothèque municipale pour se renseigner sur les maladies mentales. Et plutôt que de se défendre contre son beau-père qui lui reproche son absence à l'église, il décide  (et le proclame) qu'il doit nétoyer l'abri anti-tempête. Ainsi, par petites touches (un rêve, une hallucination, des obsessions psychotiques, etc.), le réalisateur déroule de façon fort brillante son idée sur le maladie mentale. Même si la fin peut tarder à arriver (le film dure 2 heures, et peut-être dix bonnes minutes sont en trop), on n'ose se l'imaginer (même si, on finit quand même par s'en douter un peu...).

Bref, un bon film indépendant américain qui nous change des niaiseries formatées d'Hollywood, et comme on aimerait en voir plus souvent de la part de nos amis outre-Atlantique.

note : III

A.C. de Haenne

Commentaires

  1. Tu l'as vu ou tu vas aller le voir ?

    Pas vu pour ma part, mais le pitch me fait furieusement penser à la nouvelle de Dick, "le constructeur" (reparue récemment dans l'o10ssée Folio sf, bouquin offert à l'occasion des 10 ans de la collection).

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  2. Désolé pour la critique work-in-progress...

    Vu hier. Pour la nouvelle, faut absolument que je la lise. Je pourrais te dire ça.

    Ce film est vraiment à découvrir.

    A.C.

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  3. Ah oui, effectivement.

    Du coup ma question est hors de propos (disons qu'elle restera attachée à une réalité parallèle où tu n'y répondais pas par anticipation rétroactive ou rétroaction anticipative).

    Du coup également ma remarque sur Dick devient bancale parce que sa nouvelle a elle, clairement, une dimension biblique (et bien que ce soit une nouvelle à chute je ne spolie rien en te disant cela parce qu'on comprend tout de suite où Dick veut en venir).

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  4. Faut vraiment que je la lise, alors !

    A.C.

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  5. Lue.
    Si on change quelques éléments (le contexte, les enfants, le boulot, le bateau plutôt que l'abri), on peut dire quand même que l'ambiance est la même. Un homme construit quelque chose et s'y enferme mentalement. Le gros changement, ce sont les rêves. Et la fin est presqu'identique.
    Si tu vois le film, tu pourras nous dire ce que tu en penses.

    A.C.

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