L'interview de Simon Sanahujas (2/3)

Nous voici donc arrivés à la deuxième partie de cette interview : 

A.C. de Haenne : Venons-en à présent à ce qui a motivé, pour ma part, cette interview. Après tes voyages au Texas sur les traces du créateur de Conan, puis au Gabon sur la piste de Tarzan, tu viens d'en réaliser un en Roumanie, là où aurait vécu un célèbre vampire. Est-ce bien cela ? Peux-tu nous en parler ?


Gwenn Dubourthoumieu et Simon Sanahujas
Simon Sanahujas : C’est tout à fait ça. Le principe est le même que pour « Conan le Texan » et « Sur la piste de Tarzan » : tenter de relier un personnage de fiction et son histoire à priori imaginaire à des territoires réels. En bref, il s’agit de confronter le mythe à la réalité. Concrètement, en compagnie de Gwenn Dubourthoumieu qui s’occupe du côté photographique de ces ouvrages, nous avons voyagé en Roumanie puis en Angleterre durant près d’un mois. Pendant tout ce temps, nous nous sommes appliqués à visiter l’ensemble des lieux – même les plus anodins – mentionnés par Bram Stoker dans « Dracula ». Il s’agissait tout d’abord de voir s’ils existaient bel et bien et, ensuite, nous avons enquêté sur leur histoire pour voir si les évènements du roman pouvaient coller avec la réalité géographique et historique. Ce fut particulièrement intéressant en Roumanie puisque l’auteur n’y a jamais mis les pieds, et nous nous sommes donc amusés à évoquer l’idée que Bram Stoker n’ait pas inventé ce roman mais ait bien, comme la construction de « Dracula » le laisse entendre, repris un ensemble de témoignages réels. C’est un jeu dont l’objectif est de désacraliser la frontière entre le réel et le fictif et la rendre le plus trouble possible tout en adoptant une démarche quasi scientifique (le terme est un peu fort mais l’idée est là). 


A.C. : Quel est donc ce projet littéraire en rapport avec ce voyage ? Comment va-t-il se réaliser concrètement ?


S.S. : L’objectif du livre à paraître en novembre de cette année est de faire partager au lecteur notre voyage, nos découvertes et les conclusions ou questionnements qui en découlent. Au moment où j’écris ces lignes, le maquettiste Sébastien Hayez est en train d’achever la mise en page et je peux vous dire que le bouquin sera superbe : 80 pages de textes illustrés d’environ 80 photographies couleurs pour plonger le lecteur dans l’ambiance de l’histoire de Stoker. 

Au niveau de la réalisation, c’est un livre un peu particulier car il fait appel à différents artistes. En premier lieu je rédige le texte, que je soumets à Gwenn pour que nous nous mettions d’accord sur le contenu que nous voulons proposer au lecteur. Ensuite il y a eu un re-travail en collaboration avec l’éditeur puis, une fois que le texte a été arrêté dans sa forme définitive, Gwenn a effectué une sélection de photographies pour l’accompagner avant d’envoyer le tout au maquettiste. La suite est un travail à huit mains puisque nous suivons tous les étapes de la maquette et y apportons nos suggestions et remarques jusqu’à aboutir au rendu final. Après le parcourt est plus classique : imprimeur, diffuseur et, finalement, les étals des libraires. Mais pour nous, l’aventure ne s’arrête pas là : nous continuons d’alimenter un blog en partenariat avec Libération (http://dracula.blogs.liberation.fr/) dans lequel nous racontons notre voyage d’une manière moins détaillée, avec des photographies et quelques anecdotes qui n’apparaîtront pas dans le livre, puis nous allons monter une exposition photographique et organiser une série de rencontres afin de faire partager notre expérience à des publics de scolaires ou d’adultes. Et puis il y aura encore quelques autres projets, une traduction notamment, et d’autres dont je ne peux pas parler pour l’instant… 


A.C. : Ah, dommage... Sinon, de quelle manière les lecteurs de ce blog peuvent-ils t'aider, s'ils sont intéressés ?


S.S. : Via la plateforme de levée de fond Kisskissbankbank, nous avons mis en place un appel à dons afin de concrétiser différentes parties de notre projet (à l’exception du livre dont notre éditeur prend la charge complète) et également pour essayer de rembourser une partie de nos frais de voyage et ainsi tenter de faire de ce projet quelque chose de plus ou moins rentable (en effet, les droits d’auteur sont loin de nous permettre de rentrer dans nos frais, à moins de vendre une dizaine de milliers d’exemplaires, sait-on jamais !). Pour nous aider, il suffit de se rendre sur notre page KKBB et d’allouer le montant de son choix au projet, rien de plus simple : http://www.kisskissbankbank.com/a-la-poursuite-de-dracula


A.C. : Et cet argent ira droit dans les poches de Simon Sanahujas, ou bien servira-t-il autrement ?


Voilà, suite et fin, dès demain...

A.C. de Haenne


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