La Planète des singes, par Pierre Boulle - livre audio

En l'an 2500, le professeur Antelle organise une expédition scientifique vers l'étoile supergéante Bételgeuse. A bord du vaisseau spatial se trouvent aussi son assistant Arthur Levain, ainsi que le journaliste Ulysse Mérou qui pourra rendre compte du voyage. Le chimpanzé Hector les accompagne. Après un voyage de deux ans, ils arrivent à proximité de la fameuse étoile, où ils découvrent une planète qui ressemble étrangement à la Terre, avec des routes et des villes. Ils se posent dans un endroits qu'ils estiment sauvage et qu'ils pensent désert. Pourtant, il y trouvent des humains qui leur sont parfaitement identiques et complètement nus. Mais comme ils semblent incapables d'articuler le moindre son intelligible, la communication risque de s'avérer difficile. Mais les Terriens ne sont pas au bout de leurs surprises...

couverture : David & Myrtille


Considéré à juste titre comme un classique, la date de sortie de ce roman est pourtant relativement récente (et surprenante en ce qui me concerne) : 1963. Mais ce livre a connu une telle carrière, tant au niveau éditorial que, par la suite, grâce à ses adaptations audiovisuelles qu'on a l'impression, à tort ou à raison, qu'il est beaucoup plus vieux que cela. Neuvième roman de Pierre Boulle, ce livre d'anticipation français (oui, monsieur !) a rapidement connu le succès, en France comme à l'étranger (traduit en de nombreuses langues, m'apprend l'ami Wikipedia, mais sans me dire combien et lesquelles). Et ce succès ne faiblira pas puisque très rapidement (moins de cinq ans !), Hollywood s'intéresse à l'affaire. Et c'est carrément Charlton Heston, le héros de Ben Hur, qui joue le rôle principal (il reviendra d'ailleurs assez souvent donner de sa présence dans des films d'anticipation des années 70, comme Soleil Vert (1973), par exemple) dans cette adaptation qu'a posteriori je trouve assez fidèle et plutôt réussie.

Depuis que j'ai (re)découvert la Science-Fiction, je n'ai qu'une envie, tout lire. Bien sûr, ce n'est pas possible tant le domaine est vaste. En plus, je me rends compte au fil du temps que toutes les ramifications que je découvre au fur et à mesure de mes lectures font que ce genre est encore plus développé que je ne le pensais au départ. En plus, il y a les Modernes et les Anciens et s'il est important de vivre avec les premiers, il ne faut surtout pas oublier les seconds. Bref, vous l'avez compris, j'ai du pain sur la planche ! Alors, quand l'occasion se présente de rattraper un classique par la voie déjà empruntée ici de l'audio-livre (souvenez-vous de ce roman-ci, pour ne prendre que le plus récemment chroniqué en ces pages), je n'hésite pas. Puisque la médiathèque de Bagnères de Bigorre le propose au prêt, je n'hésite pas une seconde ! Cela fait d'ailleurs longtemps que je me dis que La Planète des singes fait partie des incontournables.

Me voilà donc après avoir écouté les six heures que dure le disque MP3 lu par un Bernard Gabay à la voix posée et fort agréable par sa profondeur (au passage, c'est la voix française de Robert Downey Jr. dans Iron Man et Sherlock Holmes ; pas mal, non ?). Encore une fois, je tiens à louer le travail impeccable des éditions Audiolib sur ce projet. D'autant que chaque chapitre, très court, est précédé d'une petite virgule musicale qui varie d'une fois l'autre (je crois en avoir repéré quatre en tout), rendant d'autant plus agréable l'ambiance sonore.

En ce qui concerne le fond, Pierre Boulle nous offre une belle réflexion sur la place de l'animal dans nos sociétés. En tant qu'espèce dominante, l'homme a-t-il le droit de tout faire avec eux, sous prétexte qu'ils n'ont pas la possibilité de nous communiquer leurs souffrances. Même si parfois les réflexions d'Ulysse Merou ont ce petit côté désagréable du chrétien sûr de lui en tant qu'unique créature valable de la Création divine (reflet d'une époque ?), l'auteur français nous invite tout de même à remettre en cause notre toute-puissance. 

D'ailleurs, le fait que Pierre Boulle soit français et qu'il donne la nationalité française à sesprotagonistes (ce qui est somme toute assez normal), alors que les adaptations tant cinématographiques que télévisuelles ont toutes été étasuniennes (de 1968 à 2014, on compte pas moins de huit longs-métrages plus ou moins réussis et deux séries, dont une d'animation inédite en France), cela a provoqué dans ma lecture mon écoute un petit décalage lorsque le personnage principal parle de la géographie hexagonale (la Normandie, Paris) ou même lorsque, pour communiquer avec les singes, il emploie le Français. Tout cela pour dire qu'on est tellement habitué à des codes anglo-saxons en ce qui concerne la SF qu'on en oublie nos propres maîtres.

Le seul petit bémol que je pourrais donner à ce récit, c'est le contexte scientifique. Certes les lois de relativité restreinte telles que l'a énoncée Einstein semble ici respectée, je n'ai pas tout à fait compris ces histoires d'allers-retours dans l'espace et le temps. Mon bagage scientifique n'étant pas assez fourni, je n'ai pas su démêler le vrai du faux, le plausible de l'impossible. La première version ciné semble avoir simplifié les choses de façon assez efficace (avec cette fameuse scène de la tête de la Statue de la Liberté gisant sur la plage). Mais bon, pas de quoi fouetter un chat et de m'empêcher d'apprécier mon écoute. 

Bref, un très bon classique que je suis ravi d'avoir enfin rattrapé !

note pour le roman : III

note pour la transcription audio : III

A.C. de Haenne


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